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727- Mais y en-a-t-il, des femmes ?

Oui…, j’en ai rencontrées… merci. Ça existe, de temps en temps, avec des interruptions. Une femme n’est pas tout le temps une femme, il lui arrive de l’être. Je suis contre la définition biologique qu’on essaye de plus en plus d’imposer aux femmes. Vous-même, là, vous n’êtes pas 24 heures sur 24, une femme. Il est même probable que 23 heures sur 24, et je suis optimiste, vous êtes comme moi un corps sous dénégation obligé d’aller et de venir pour sa pure et simple survie. Je dirai que lorsqu’une femme est vraiment une femme, c’est de cela qu’est fait un événement.

Voilà pourquoi, comme je le suggérais tout à l’heure, les tournants de la représentation humaine dans la peinture, ou la littérature, essaient de faire consister cet événement. Si les femmes étaient des femmes 24 heures sur 24, il n’y aurait plus d’événements. Et plus d’événements, cela voudrait dire que nous serions dans la société totalitaire parfaite.
[ART PRESS n°66, janvier 1983]

 64 – La nature se présente, et pourtant elle était là depuis la nuit des temps. Une hypothèse me vient donc : et si la substance féminine en tant que telle était du même ordre que la nature, que les fleurs, les arbres, l’eau…
[L’amour du royaume, ArtPress n°283, octobre 2002]

63 – Récusation du social, ça veut dire invention d’un lieu et d’une formule où viendrait, en même temps que la nature et la substance féminine qui est du même ordre, se présenter tout ce qui a pu se formuler comme propos dits poétiques. Mythiques ou poétiques.
[
L’amour du royaume, L’INFINI n°81, 2002]

 62 – Nous changeons d’ère, qui n’a rien à voir avec une fin de l’histoire, où l’individu voué au collectif est privé le plus possible de toutes ses ressources intimes. Il y a deux opérateurs pour que ça aille vraiment jusqu’au bout. 1 : le priver de son corps autant que possible, empêcher que chaque sens puisse provoquer une interrogation. 2 : appauvrir, sous forme de publicité ou de pornographie, le langage. On peut voir là le nœud nouveau où la servitude volontaire, comme d’habitude s’engouffre. 

61 – Le roman d’aujourd’hui doit être le réveil, par tous les côtés à la fois, de la poésie.

60 – Les obsédés du sexuel me paraissent aujourd’hui de plus en plus pathétiques. La sexualité comme telle a perdu son importance. Il lui est dévolu désormais une fonction de recouvrement : la sexualité masque, elle ne révèle plus.
[POKER, éd. Gallimard, collection L’Infini, 2005.]

59 – La diabolisation de la sexualité vient de loin. Elle vient en fait de toujours. Mais nous n’en sommes plus là, aujourd’hui. La diabolisation du sexe a fait place à son instrumentalisation. Au fond, cela revient au même. Il s’agit d’une mutation du refoulement. Dans ce nouveau régime, il n’y a plus à se prémunir d’une effraction par la volupté, qui ferait apparaître la force du chaos. Ce qui arrive, c’est un pacte entre Eros et Thanatos. Si le sexe et la mort ont toujours eu partie liée dans la métaphysique, ce lien s’avère maintenant l’élément même de la sexualité.

58 – La sexinite se remarque par l’entrave du rapport au langage. Dans la sexinite, le sexuel croit en lui-même, jusqu’à la nausée. Dans ces conditions, comment faire sortir Éros de son assignation anthropologique ? Ce serait pourtant recommandable.

57 – Et pourtant la nature est très belle.
[LE PARADIS DE CÉZANNE, éd. Gallimard, 1994]