759- Tout de même, Casanova veut récupérer ses lettres de change. La Charpillon lui fait répondre de venir les chercher chez elle. Lors d’un dîner en compagnie où il ne l’attend pas, elle entre, provocante, gaie, s’assoit à côté de lui, le traite avec ironie. Chaque fois que Casa la voit, il est repris de désir. C’est idiot, mais c’est comme ça. Ils sortent dans un jardin, s’engagent dans un labyrinthe, et, là, elle le renverse sur l’herbe et « l’attaque en amoureuse ». Il mollit aussitôt (ou plutôt le contraire), mais pas question d’aller jusqu’au bout. Nouvelle scène de violence, il sort un couteau et menace de l’égorger si elle ne se laisse pas faire. « Mais allez-y, dit-elle, et je raconterai à tout le monde ce qui s’est passé. » Une femme violée, quel scandale. Elle sort de cette bagarre avec désinvolture, « comme si rien ne s’était passé ». Casa est épaté : « Sa physionomie avait un prestige auquel je ne pouvais pas résister. »

[CASANOVA L’ADMIRABLE. Éditions Plon, 1998.]