753- La résurrection a eu lieu une fois pour toutes, et un Dieu assume la nôtre. Si on ne comprend pas ça, le temps finit par devenir le temps qui passe et non pas, comme on devrait le dire, le temps qui surgit. Sein und Zeit, ou plutôt Zeit und Sein. Ce n’est pas par hasard si c’est le temps qui fait l’objet de toutes les interrogations les plus fécondes. C’est pour cela que la triade Laërte, Télémaque, Ulysse n’a pas été comprise comme elle doit l’être. Trois générations au combat, c’est quand même beaucoup ! Cela implique une saisie du temps très particulière et une intervention divine.
Voilà pourquoi cette affaire est « sur les genoux des dieux. »

752- Paul a dit l’essentiel, c’est que si la résurrection n’a pas eu lieu, notre foi est vaine. Maintenant, trouvez-moi des gens qui parlent de résurrection. Il n’y en a plus. Dans la dévastation générale, il n’y a plus ni enfer, ni résurrection, il y a le train-train. Transformé en subjectivité, le dieu n’est pas là, ou plutôt, il s’appelle désormais « Société ». Il ne peut plus être « en face », c’est-à-dire dans le surgissement. Les sens sont dorénavant évacuables et il reste sa majesté le Moi pour chacun, dans une surdité générale. Voilà pourquoi cette pénalité subie par les Grecs coûte si cher, et pourquoi Nietzsche est décidément incontournable.

[GUERRES SECRÈTES. Éditions Carnets Nord, 2007.]